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Le phénomène correspond à une brusque surélévation de l'eau d'un fleuve ou d'un estuaire en forme d’entonnoir, provoqué par l'onde de la marée montante lors des grandes marées. Il se produit dans l'embouchure et le cours inférieur de certains cours d'eau lorsque leur courant est contrarié par le flux de la marée montante. Imperceptible la plupart du temps, il se manifeste au moment des nouvelles et pleines lunes. Les mascarets les plus spectaculaires s'observent aux embouchures du Qiantang en Chine, du Hooghly en Inde, de l'Amazone au Brésil, de la Kampar en Indonésie, de la Sittang en Birmanie…
Imaginez surfer, au rythme hypnotique d’une onde lunaire, une vague remontant la rivière sur des dizaine de kilomètres, de quelques secondes à plus d’une heure, tout en découvrant l’environnement d’une rivière au fur et à mesure on la traverse.
Aucun mascaret n'ayant été réellement fouillé en Russie, le jeu consiste à aller dénicher le phénomène quelque part en Mer Blanche, non loin du cercle polaire, malgré les ours et les moustiques. La rivière Mezen ayant des marées de 9-10m, il est probable qu'elle abrite une onde lunaire. La décision est prise, je vais partir sur la pleine lune du 22 août 2021. Il s'agit donc de trouver et de surfer le "Bor" de la Mer Blanche.
En Mai 2015, je participe à un colloque scientifique à Caen sur les mascarets avec des représentants de différents laboratoires et instituts de Chine, d'Angleterre, d'Italie, de France et de Russie. C'est là que je rencontre Elena Dolgopolova, de l'institut océanographique de Moscou.
Elle nous démontre, par l'analyse de données hydrographiques pointues, la présence d'un mascaret, dont personne n'a jamais entendu parler.
Sauf qu'elle n'a jamais eu le budget pour se rendre sur place pour une étude de terrain, et elle n'a pu dégoter qu'une seule petite vidéo sur VK, le YouTube russe, d'un micro-mascaret, dont voici une copie. Je reste donc en contact avec elle pour savoir s'il est possible de monter une opération conjointe et en savoir plus sur ce fameux "Bor". 5 ans plus tard, rien n'a avancé, les complications administratives liées à des restrictions de budget, rendent le projet mort-né.
C'est en farfouillant à nouveau sur d'autres sites vidéo que je trouve un clip amateur, pas forcément folichon non plus mais attestant de la présence du phénomène dans une autre rivière de la Mer Blanche, avec un profil de berge plutôt prometteur, sachant qu'on se trouve là à 40 km de l'embouchure. De quoi abriter une vague de 50 à 80cms, voire plus, plus bas dans l'estuaire.
C'est à ce moment-là que j'ai commencé à échanger avec Eugène, un jeune paddlesurfer de St-Pétersbourg, lui aussi très curieux de découvrir le phénomène dans son pays non loin de là. A moins de 1000 km de chez lui ! Partons !
« Il y a des vagues partout, tout est une question de qualité et de fréquence » Telle est ma devise. Moi, c'est Antony « YEP » Colas, spotologue auto-proclamé, qui, depuis plus de 30 ans, sillonne les océans et les mers, planches de surf sous le bras. Journaliste et photographe depuis 1995, à travers YEP, ma petite boîte, je suis également l’auteur de la trilogie des « Guides Stormrider World », une sorte de guide du Routard pour surfers, vendue à plus de 150 000 exemplaires dans le monde entier.
Parmi les différents types de vagues, le mascaret est devenu, depuis 1998, mon terrain de jeu favori avec plus d'une trentaine d'expéditions au-delà de mon spot habituel : la Gironde.
Ce trip en Mer Blanche sera ma 31ème expédition Mascaret, hors Gironde, depuis 2005, l'année où j'ai organisé une rencontre de bore-riders sur la Pororoca du Brésil. Jusque-là, j'ai plus ou moins réussi à financer mes expéditions de recherche de mascaret en vendant textes & photos à des magazines, et /ou en tirant un budget "recherches" sur le marketing de mon agence de voyage de surf. Mais la disparition de la presse papier (rémunératrice donc) et la pandémie du Covid ont asséché mes pistes de financement.
Il s'agit donc d'éponger les frais liés à une quinzaine de jours dans la région d'Archangelsk Oblast. Soit 1200€ de vols & transports (Bordeaux - Paris, Paris St-Pétersbourg, St-Pétersbourg - Archankelgsket Arcanglesk- Mezen), 600€ de frais bateau (sur 4-5 jours) pour la reconnaissance des rivières environnantes et 600€ de frais sur place, logements et nourriture. + Visa (100€). Soit un budget de 2500€
Un mascaret en Russie, j'aime l'idée !
Je vous ai amené une petite contribution financière et j’espère que vous allez bien vous marrer! A bientôt au line up! Pierre Duvelleroy